Marrons chauds

C’était un soir de décembre, de ceux où la neige tombe en silence, légère et hésitante, comme pour effleurer le monde sans vraiment l’alourdir. Le froid me retenait à l’intérieur : je n’avais guère envie de sortir. Pourtant, un ami, venu de loin pour passer Noël dans la région, brûlait d’impatience à l’idée de découvrir le marché de la ville et ses décorations lumineuses.

« Allez, viens ! C’est magique, les marchés à cette période de l’année », m’avait-il lancé avec son enthousiasme habituel.

Il est de ces êtres qui s’émerveillent de tout. Pour moi, il fait figure de modèle, une sorte de force vitale pure, inaltérable. Nous arpentâmes les rues, nous arrêtant devant les vitrines étincelantes, échangeant quelques mots avec les vendeurs de sapins, respirant à pleins poumons l’air vif et parfumé de résine.

Puis, tel le chargeur miraculeusement retrouvé :

« Chauds, mes marrons ! Chauds ! » s’écriait un marchand au coin de la place.

Je n’y résistai pas. Le vendeur tendait de grands cornets de papier kraft, gonflés de marrons brûlants.

Leur chair tendre, nappée de fins copeaux de beurre fondant, exhalait une odeur incomparable.

À la première bouchée, je fus transporté : une chaleur simple, rustique et joyeuse, qui avait le goût même de l’hiver.

Bref, j’étais gelé, fatigué, ronchon… et j’ai fini heureux à cause d’un foutu cornet de marrons.

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L’ennui et ses bienfaits